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Poetry, litterature, sciences, technologies, reading and writing activities

Les deux Felix, Valloton et Fénéon à découvrir sns délai si ignorés de vous

Les deux Felix

Felix Vallotton le peintre

Felix Fénéon l’homme d’écriture, écrivain, critique d’art.

Tels ces refrains de chanson qui vous arrivent, entêtants à l’esprit, un tableau de peinture me hante, une huile sur toile intitulée Felix Fénéon au Journal. À la lumière d’une lampe de bureau qui diffuse une lumière jaune, on y voit un homme de profil, un homme avec une vraie tête d’homme, lisant et écrivant avec sans doute avec cette obstination des rédacteurs qui s’attardent dans les locaux, tard dans la nuit, lorsque la mise sous presse est achevée et que tout le personnel du Journal a quitté les ateliers et les bureaux.

L’auteur de cette toile est peut-être Felix Vallotton, le peintre qui a également commis un roman bien noir, La Vie Meurtrière, mais ces références au sujet des deux Felix m’échappent, ils me restent seulement les impressions produites par ces deux œuvres.

La toile Felix Fénéon au Journal, m’interpelle par son ambiance, le silence de la nuit que souligne la lampe de bureau et l’homme penché sur ses papiers, dans une posture qui dit bien sa concentration extrême et trahit la raideur musculaire entraînée par une besogne d’écriture prolongée.

N’ayant jamais vu cette toile, et ne la connaissant que par une reproduction de petite dimension vue dans un magazine, je ne peux me faire aucune idée de l’émotion qu’elle pourrait susciter et bien du mal à l’imaginer tant l’austérité de l’évocation par le peintre du travail d’écriture, solitaire, nocturne presque besogneux à travers de ce portrait particulier est saisissante. Rien de joli ou de beau en somme ; un homme écrivant en apparence, sous les urgences de la publication et pris en solitaire dans ce que le jargon des architectes appelle une « charrette », une longue veillée de travail et d’opposition à la fatigue.

Et nul doute que c’est cette veillée solitaire et active voulue par le travail d’écriture qui me parle. Ma projection et ma lecture de cette toile est tirée par un regard envieux, j’eusse aimé avoir l’endurance et l’acharnement dans l’écriture de Felix Fénéon. Fénéon n’était pas un fainéant, si l’on admet cette allitération facile. Tout membre du M.U.F.L.E.[1] l’admettra avec bienveillance. À ces jeux de mots faibles, certains adhérents du M.U.F.L.E. préfèrent toutefois l’humour noir [2]ce qui les rapproche  de Felix Fénéon et des Nouvelles en Trois Lignes. Le propos incisif et la dure morale chute de ces textes courts n’est pas sans rappeler « Les Contes Froids » de Jacques Sternberg qui condensent en quatre lignes des morales à réveiller le plus naïf des lecteurs ainsi :

« En ce temps-là, la bureaucratie avait acquis un tel poids qu’il fallait un visa pour passer d’une année sur l’autre. »

 Jacques Sternberg, publié in Le Monde Du Dimanche, édition spéciale hebdomadaire du Quotidien Le Monde dans les années 1980.

 

La vie Meurtrière de Felix Vallotton est un roman de la plus belle noirceur. N’ayant aucun souvenir de l’intrigue, je n’ai retenu que le titre qui coiffait parfaitement mes humeurs et mon appréhension pleine de ces désespoirs de ces cruautés que la vie peut infliger à tout moment et à tout un chacun. Je me souviens vaguement que ce roman me poussait invariablement vers le polar et en particulier le roman noir. Mieux en encore j’avais fait du titre mon commentaire inlassablement répété chaque fois qu’étaient évoquées les tragédies ou blessures infligées par l’existence à une personne que je connaissais ou que je partageais avec l’une de mes relations, celle-ci me donnant quelque atroce nouvelle sur le malheureux ou la malheureuse foudroyés par un destin retors.

Si je n’ai pas trouvé l’auteur de la toile, Felix Fénéon au Journal, il est par contre vérifié que Vallotton a illustré lui-même La vie Meurtrière. Et en raison du style de la toile, j’émets l’hypothèse que le portrait de Fénéon au Journal est de Bonnard et non de Vallotton. Mais la recherche se complique par le fait qu’un deuxième portrait existe et bien identifié, il est l’œuvre d’Édouard Vuillard, exécuté en 1901 et exposé au Musée Guggenheim de New York, alors qui de Vuillard, Vallotton, Bonnard ou peut-être Seurat aurait commis le portrait de Felix Fénéon au Journal ?

 

[1] M.U.F.L.E, Mouvement Universitaire pour la Fantaisie Librement Exprimée, dont le slogan est « Vieilles Grôles et Métaphores Éculées ».

[2]

L’humour noir consiste notamment à évoquer avec détachement, voire avec amusement, les choses les plus horribles ou les plus contraires à la morale en usage. Il établit un contraste entre le caractère bouleversant ou tragique de ce dont on parle et la façon dont on en parle. Ce contraste interpelle le lecteur ou l’auditeur et a vocation de susciter une interrogation. C’est en quoi l’humour noir, qui fait rire ou sourire des choses les plus sérieuses, est potentiellement une arme de subversion.

Empreint de fatalisme, pathétique par certains côtés, cet humour est forcément une source de gêne. Certains présentent d’ailleurs cette gêne comme un de ses ressorts, dans la mesure où le rire qu’il provoque doit gêner, voire donner honte, faire hésiter celui qui en rit entre sa réaction naturelle, le rire, et sa réaction réfléchie, l’horreur ou le dégoût. Suivant les cultures il évolue entre désespoir et raillerie et sera plus ou moins accepté en fonction de la force des tabous qu’il titille.

L'humour noir se rencontre principalement dans la littérature (romannouvelle et micronouvelle), le théâtre, le cinéma, la bande dessinée et le dessin.

 

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