Un pastiche bien irrespectueux envers un grand philosophe du XXème siècle, devinez lequel ?

L’étang est trouble, sa vase et ses limons dégagent des haleurs nauséabonds ; un drainage s’impose pour lui redonner un peu de transparence ; un écologiste dirait que son équilibre a été corrompu par des rejets toxiques et la prolifération de certaines espèces végétales ou animales prédatrices. L’effet des phosphates rejetés près des anciennes laveries installées au bord d’une rivière est spectaculaire et visible à l’œil nu lorsque la lumière donne de la transparence au courant. Une croissance anarchique de mousses et de lichens dans le fonds de l’eau qui les feraient presque remonter à la surface. L’étang varie, se pollue et recherche sans cesse des formes pour s’adapter au milieu ; mouvant souvent glauque trouble, stagnant mais parfois clair et régénéré en onde transparente lorsque l’étang peut déverser sur quelques ruisseaux un trop plein et accueillir ainsi les eaux de pluie ou de ruissellement moins chargées. 

Le hêtre est une essence de bois dur et dense ; je ne connais pas les environnements naturels pouvant favoriser l’apparition et la croissance régulière de l’hêtre ; une enquête serrée s’impose. Peu sujet à la putréfaction ou à l’attaque d’insectes parasites, c’est le matériau idéal pour de bonnes charpentes ou des meubles dont la solidité défie les années. Difficile à travailler en raison de sa dureté, il impose au menuisier ou à l’ébéniste de bien affûter ses outils de coupe et ses outils de taille : rabot, bédane, ciseaux à bois, gouge…

La solide consistance de l’hêtre l’oppose donc au mou, au boueux de l’étang ; la texture végétale dure, dense, imputrescible de l’hêtre défie le temps alors que l’étang macère, décompose les plantes et les transforme en limon, en vase grasse aux émanations lourdes. Les feux follets sont alimentés par des émanations gazeuses qui claquent en bulles inflammables à la surface de l’étang.

Najib JELILA, graphomane "invertrébré", Fez 2018